lundi 3 juin 2024

Amiral, d'un lac à l'autre


Amiral à Annecy en juillet 2023. Copyright Gilles Barnichon


Le premier bateau hybride du lac d’Annecy a été commandé durant l’été 2018 et construit à Dalian en Chine par les chantiers ODC Marine, une société française. La Compagnie des bateaux du lac d’Annecy a investi 1,8 million d’euros dans la construction de ce bateau de 20 mètres de long qui pèse 40 tonnes .


Un faible impact environnemental

La conception de ce nouveau bateau répond aux besoins actuels de faible retentissement environnemental. Sa propulsion est assurée par deux moteurs. Un moteur électrique alimenté par une batterie au lithium sera utilisé lors des entrées et sorties des ports. Un moteur thermique au GTL (carburant peu polluant) permettra la navigation à une vitesse maximale de 30 km/h. Le dessin de sa coque  en aluminium devrait permettre e réduire sa consommation en carburant. La peinture de sa coque ne contient pas de solvant susceptible de se répandre dans l’eau du lac. Ses émissions sonores et vibratoires sont réduites au niveau minimal. À l’automne 2019, après treize mois de construction, la Compagnie des bateaux du lac d’Annecy a envoyé une équipe en Chine pour effectuer les premiers essais de navigation. À leur issue, Céline Saccani, la capitaine, se montre enthousiaste. "Ce bateau est super, c'est fabuleux. Il est silencieux, on est sur le fil de l'eau, c'est vraiment sensationnel ! ». Autre innovation, le nouveau venu dans la compagnie est équipé d’une passerelle électrique qui va permettre d’éviter les manipulations.


Quel périple!

L’arrivée prévue en août dernier, puis reportée en novembre, de l’Amiral dans les eaux du lac d’Annecy est finalement repoussée à janvier 2020. Et le chemin sera donc long avant que le bateau connaisse le lac. La première partie du voyage se fait, bien sûr, par la voie maritime. Le bateau gagne Fos sur Mer où il parvient en décembre en conteneur. C’était là la partie la plus facile du grand voyage. Il faut maintenant gagner par la route le lac d’Annecy distant de 430 kilomètres. La société Augizeau Transports Exceptionnels va assurer cette mission. Le convoi (composé d’un camion remorque de trente mètres de long, six de large et cinq de haut, de deux voitures et de deux motos) passera par Avignon, Orange, Valence, Chambéry et Aix-les-Bains sans dépasser la vitesse maximale de 50 km/h ni emprunter les autoroutes dont le franchissement des barrières de péage est impossible en raison des dimensions du convoi. Le convoi quitte Port Saint Louis du Rhône le mercredi 15 janvier. Il est environ 6 heures du matin le samedi 18 janvier 2020 lorsque le convoi parvient enfin au quai de la Tournette à Annecy après avoir sillonné les artères de la ville. Le lundi 20 janvier, en début d’après-midi, le bateau s’élève, soulevé par deux grues qui le déposent sur l’eau. Il est ensuite remorqué jusqu’au Thiou où il est prévu qu’il passe l’hiver avant d’entrer en service au printemps 2020.


Une nouvelle liaison

En effet, il est prévu d’utiliser la nouvelle unité sur la ligne reliant Annecy et Doussard en période estivale. « Cela va nous permettre de désengorger Doussard, qui est un embarcadère où l’on a énormément de monde, notamment avec tous les campings l’été, en particulier entre le 25 juillet et le 15 août. Il va donc faire le trajet trois fois par jour entre les deux villes, en appui logistique de la navette Navibus. On espère honorer toutes les commandes en provenance de Doussard », précise Céline Fournel. Mais les événements ne se déroulent pas comme prévu. En mars 2020, le monde du tourisme est paralysé par l’épidémie de Covid. Tous les projets sont bouleversés, l’heure n’est plus à l’innovation mais à la survie. Il faut attendre juillet 2022 pour voir le bateau rouge et blanc quitter sa cale sèche et entrer en service.


Puis un nouveau lac

Mais ce service va être court. En effet, on apprend en juillet 2023 que Amiral doit quitter le lac d’Annecy à l’automne pour être transféré à Thonon-les-Bains. Le dirigeant de la compagnie Tourisme Participations groupe auquel appartient la Compagnie des bateaux du lac d’Annecy donne la raison de ce départ : «C’est un bateau qui fait trop de vagues» en raison de la forme de sa coque et de la limitation de vitesse à 25 km/h sur le lac d’Annecy. La solution adoptée par la société est de transférer le bateau sur le Léman. Il y sera exploité par la Compagnie des bateaux du lac Léman, autre société du même groupe. C’est donc un nouveau voyage qui s’annonce. Le bateau est sorti de l’eau le mardi 20 février pour être transféré sur une remorque qui va l’emporter à Genève en un voyage de deux nuits. De là, il gagnera Thonon-les-Bains, son nouveau port d’attache. Après quelques modifications de ses emménagements rendues nécessaires par la différence de réglementation entre les deux lacs (en particulier abaissement du nombre de passagers de 150 à 75). L’inauguration officielle a eu lieu le 29 mai. Il n’y avait plus eu de départ de croisière touristique de Thonon depuis 2019.

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