Nous avons évoqué récemment le naufrage du paquebot Ciudad de Asuncion. Restons dans les mêmes eaux pour relater l'histoire d'un paquebot comparable. Le Ciudad de Buenos Aires est un paquebot construit par le chantier Cammell Laird & Co. Ltd., de Birkenhead, Royaume-Uni sous le numéro de chantier 801 pour le compte de l’armement Nicolás Mihanovich et destiné au service de nuit sur la ligne Buenos Aires - Montevideo. Il possède un jumeau nommé Ciudad de Montevideo.
Lancé le 12 mai 1914
Livré en novembre 1914
Longueur : 107,00 mètres
Largeur : 13,47 mètres
Quatre turbines à vapeur Hélices
Puissance : 5 825 chevaux
vitesse : 16 nœuds
tonnage brut : 3 864
capacité de 537 passagers.
Le Ciudad de Buenos Aires est un bateau confortable voire luxueux qui possède deux ponts. La majorité des cabines bénéficie d’une vue sur la mer et certaines possèdent une véritable salle de bains.
Deux clichés : National Maritime Museum, Greenwich, London
Le premier voyage a eu lieu le samedi 30 janvier 1915. En 1942, il est transféré à la Compañía Argentina de Navegación Dodero SA qui est nationalisée en 1949. En 1951, il est transféré à la flotte fluviale argentine de la FANF. Depuis 1957, il est affecté à la ligne reliant Buenos Aires aux ports du fleuve Uruguay.
Le 27 août de cette année-là, le paquebot Ciudad de Buenos Aires quitte la capitale argentine à 17 heures pour un voyage d’une journée à destination de Concepcion del Uruguay, sur le fleuve Uruguay à moins de 300 kilomètres. Il a à son bord 141 passagers et 89 membres d’équipage. Il est sous les ordres du commandant Silverio Brizuela qui peut s’enorgueillir de trente cinq ans de navigation.
La navigation se déroule sans problème au cours de cette nuit d’hiver. Le temps est clair et la visibilité bonne. Le paquebot est au sud de l'île Juncal, près de l'embouchure du Paraná Guazú À la passerelle, on se prépare à entrer dans le fleuve Uruguay. Le repas est terminé et les passagers commencent à profiter de la soirée à bord. Soudainement, à 22 heures 45, une terrible secousse ébranle le paquebot faisant tomber un grand nombre de passagers. La proue du cargo américain Mormacsurf (de la compagnie Moore Mc Cormack Lines ) venant de Rosario (située plus haut sur le fleuve Parana) vient de s’encastrer dans la coque tribord du paquebot, à la hauteur de la troisième cheminée.
Malheureusement, sous l’effet du courant, la proue du cargo américain va se dégager de la coque du navire argentin et laisser une plaie béante dans sa coque. L’eau s’y engouffre rapidement et le paquebot prend une inquiétante gîte sur bâbord. Les passagers ne peuvent que difficilement se tenir debout et certains glissent par dessus bord. La panique s’installe parmi les voyageurs. Des appels de détresse sont émis, des fusées lancées, les gilets de sauvetage sont distribués. L’équipage du cargo américain ne reste pas inactif. Les hommes ont confectionné une sorte de radeau en bois que les naufragés tentent d’agripper. Ils ont mis à l’eau les canots du cargo et ont immédiatement commencé à recueillir les passagers du paquebot. Rapidement plusieurs bateaux venant des côtes parviennent sur les lieux qui vont emmener les survivants à Nueva Palmira, Martín García et Carmelo. En moins de vingt minutes, le paquebot est englouti entraînant de nombreux passagers vers la profondeur du Rio et, seule, la pointe de son mât reste visible. Elle le restera pendant plusieurs années. En effet, à cet endroit, la profondeur du rio atteint vingt mètres. Le bilan officieux de l’accident sera d’une centaine de morts et disparus. Le commandant du paquebot a disparu au cours de l’évacuation et des rumeurs ont circulé quant à son éventuel suicide. Le rapport de l’Us Coast Guard daté d’avril 1958 valide le rapport du Bureau maritime d’enquête et conclut à l’absence de responsabilité du cargo américain.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire