Rentrée des navires islandais à Binic. Ici à l'échouage au môle de Penthièvre vers 1910. On reconnaît les goélettes à hunier de l'armement Le Pomellec à leur coque noire à liston blanc. (au premier plan, peut-être La Louise, appartenant à cet armement et coulée en 1916 par les Allemands)
On dit islandais comme on dit terre-neuvas des marins et des bateaux qui se rendent sur ces lieux de pêche (Islande et Terre-Neuve). Suivant l'exemple paimpolais, les navires de grande pêche de Binic ont commencé à se rendre en Islande au milieu du XIXe siècle. En 1865, Binic comptait 12 goélettes islandaises et 18 en 1895, 7 en 1912 avec 162 pêcheurs et seulement 5 en 1913 avec 135 pêcheurs. Ces navires quittaient Binic au début du mois de février après le «pardon des Islandais» pour revenir à la fin du mois d'août, avec une moyenne de 2000 morues par homme. En 1900, Portrieux, Le Légué, Binic et Dahouët envoyaient des navires sur la côte islandaise, dont 6 navires pour Dahouët et 8 pour Binic., avant que la loi islandaise du 21 avril 1922 n'interdise le transbordement des poissons pêchés dans ses eaux territoriales et mette fin aux navires chasseurs. Avec un rendement cinq fois supérieur, la concurrence des chalutiers à vapeur à partir de 1920 où 30 de ces navires sont envoyés à Terre-Neuve va freiner l'épopée morutière des grands voiliers. La surexploitation de la pêche morutière pouvait commencer, qui décida l'Islande à fermer ses frontières maritimes. Les bateaux français s'orienteront vers d'autres territoires de pêche en particulier le Groenland à partir de 1925-26 avec les premiers chalutiers à vapeur. Et les pêches binicaises accusèrent leur déclin définitif.
Il faut cependant préciser que contrairement aux autres ports du Goëlo, les armateurs de Binic avaient créé sur place des établissements de salaison, pour fabriquer de la «morue en caisse». Cette tradition s'est maintenue durant la première moitié du XXe siècle. (source : Archives des côtes d'Armor)
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