Timbre représentant le terre-neuvas Côte d'Emeraude d'après Roger Chapelet. La flamme qui tamponne cette carte montre l'aviso escorteur Commandant-Bourdais de l'assistance à la pêche hauturière. Collection agence Adhémar |
Sur la flamme : Septième d'une série de neuf avisos-escorteurs, le Commandant Bourdais est mis sur cale à Lorient le 3 avril 1959 et à flot le 15 avril 1961. Il est admis au service actif le 10 mars 1963. Destiné à l'assistance à la pêche hauturière, il est un peu différent de ses sister-ships, étrave renforcée à l'épreuve des glaces et installations hospitalières. Il servit du Canada au Spitzberg jusqu'en 1972. Lors de son avant-dernière campagne de juin 1972, il ira au plus près du pôle Nord, établissant un record à 81°05'48'' de latitude nord. Basé ensuite à Diego Suarez, en 1974, 1975 et 1978, il visite les Terres australes et antarctiques françaises (TAAF) puis passe ses dernières années de carrière autour du monde, comme conserve du bâtiment porte-hélicoptère Jeanne d'Arc (1983 à 1989). Vendu en 1990 à la marine uruguayenne avec deux autres avisos escorteurs, Amiral Charner (Montevideo) et Victor Schoelcher (General Artigas), il devient l'Uruguay. Il sera désarmé en avril 2008.
Commentaire du bulletin
du ministère des Postes et Télécommunications. - 1972. - N° 13
La pêche à la morue a été depuis plusieurs siècles une industrie très active pour de nombreux ports de la Manche et de la mer du Nord, armant des navires pour Terre-Neuve et l'Islande. La morue est en effet abondante au point de rencontre des courants polaires et des courants tièdes.
Pour ces campagnes lointaines, les armateurs français ont longtemps gréé des navires en bricks ou en trois-mâts barques. Ils adoptèrent ensuite, pour une manœuvre plus facile, les trois-mâts goélettes, dont seul le mât de misaine a des vergues et des voiles carrées, les deux autres portant des voiles auriques.
Ces bâtiments quittent le port à la pleine lune de mars et effectuent en trois semaines leur traversée souvent contrariée par le vent d'ouest.
La pêche se pratiqua longtemps du bord des navires au moyen de lignes tenues par les hommes. Elle se renouvela à la fin du XIXe siècle par l'emploi du doris. Cette embarcation à fond plat s'éloigne du navire chaque après-midi, armée de deux hommes qui vont tendre 10 à 30 pièces de lignes de 133 mètres, portant chacune 70 hameçons amorcés avec des bulots, des encornets ou des harengs congelés.
Les lignes sont relevées le lendemain de très bonne heure pour que le poisson soit vidé, tranché et salé dans la matinée. La plupart de ces voiliers, depuis 1930, quittent le Grand Banc en juillet et remontent vers la côte ouest du Groenland, lieu de pêche très intéressant.
Les retours ne s'effectuent que les cales pleines, aussi s'échelonnent-ils de fin août à mi-octobre. On imagine les joies des retrouvailles, après six mois de séparation et d'inquiétude.
Le Côte d'Emeraude, sujet de ce timbre, fut un des derniers voiliers de grande pêche, construit en 1925. Long de plus de 40 mètres, large de plus de 9, d'un creux de 4,12 m, il était armé de 14 doris, et son équipage de 38 hommes ramenait de chaque campagne environ 450 tonnes de morue,
Il connut une fin tragique en 1941. Revenu de Saint-Pierre et Miquelon, il venait de livrer sa pêche à Casablanca, quand il reçut de l'Amirauté l'ordre de rallier Port-Lyautey pour y être désarmé. Gêné au cours de sa manœuvre par le mauvais temps, il s'échoua et se brisa à l'embouchure de l'oued Sebou, où plusieurs marins périrent dans le naufrage.
En dépit de l'évolution des temps, les passionnés de la voile, les amoureux de la mer et aussi les philatélistes avertis, ne manqueront pas d'admirer cette série de voiliers commencée en 1970 avec le Firecrest d'Alain Gerbault, continuée en 1971 par le cap-hornier Antoinette, et enrichie cette année de l'altière silhouette du Côte d'Emeraude.