mercredi 5 mai 2010

Le port d'Alger en 1913

Le port d'Alger en 1913 (coll. agence Adhémar)

A cette époque, Ville d'Alger et Charles-Roux assuraient la traversée vers Marseille mais sur cette photo, ce sont plutôt des paquebots étrangers qui sont à quai ? A moins qu'au premier plan ce ne soit Timgad de la CGT ? Ou encore, coïncidence extraordinaire, s'agit-il des navires décrits dans une carte postale datée du 15 janvier 1913 d'Alger qui disait: «Nous n’avons pas fait hier de grandes promenades, attirés vers le port par le départ de deux grands bateaux, un français allant en Turquie emmenant plus de 2000 passagers, l’autre anglais avec autant de passagers se rendant aussi dans leurs pays rappelés par le gouvernement. Ce départ était émouvant. Tout ce monde chantait, agitait mouchoirs en signe d’adieu, et nous avons vu partir cette grosse masse vers 5h environ.»


Alger n'est rien moins qu'un port naturel (même si presque partout à moins d'une encablure de la côte, les navires pouvaient bénéficier d'une profondeur d'au moins dix mètres) et en 1913, de grands travaux (principalement le renforcement de grandes jetées) lancé par la loi du 22 juin 1897, venaient à peine d'être terminés. Les moyens de levage étaient encore insuffisants. «Notre grand port africain» ne disposait alors que de 6 grues à bras (dont une seule de 20 tonnes), de trois pontons-grues à vapeur, d'un titan transbordeur et d'une grue à portique. […] On conçoit la surprise des visiteurs du port d'Alger lorsqu'ils voient de longues théories de dockers kabyles, porteurs de couffins, de caisses, de paniers de primeurs ou d'autres objets…» Le port n'était pas apte avec ses deux formes de radoub à servir d'escale de réparation pour les grandes lignes de navigation. Le mouvement du port, en pleine expansion en 1913 (même si sa capacité était encore insuffisante, au moment des 5 millions d'hectolitres d'exportation de vin, pour assurer un service fluide), était de 13ooo navires (entrées et sorties) avec plus de 18400000 tx de jauge pour un trafic dépassant 3600000 tonnes (y compris les 1500 t/jour de minerai de fer).
Le port est aussi visité par des navires relâcheurs (principalement pour refaire du charbon) et par des bateaux de luxe promenant des touristes en Méditerranée. Ces derniers venaient principalement de Hambourg, Liverpool ou New York par les compagnies Cunard, White Star Line, Norddeutscher Lloyd ou Hamburg-Amerika.
Enfin, détail amusant, l'Algérie recevait alors la majorité de son pétrole (100000 hl) des Etats-Unis ou de la Russie.
(source R. Lespès, Annales de géographie, 1921, vol. 30 n°165)

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