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vendredi 10 février 2012
USS Mayflower, premier yacht présidentiel américain
La saga du premier yacht présidentiel des USA a de quoi réjouir ceux qui aiment les navires à l'histoire mouvementée… De yacht privé à bateau d'émigrants juifs, il connut en effet une histoire particulièrement riche qui se déroule sur plus de cinquante ans.
Ce magnifique yacht (de 82 mètres de long) lancé en 1896 par le chantier écossais J. & G. Thompson, de Clydebank sous le nom de Ogden Goelet fut acheté par l'US Navy en 1898, devenant le USS Mayflower et entrant dans la flotte américaine le 24 mars 1898 pour participer au conflit hispano-américain dans le golfe du Mexique. Ce conflit (approuvé par le Congrès américain le 25 avril 1898 à la demande du président McKinley et achevé officiellement par le traité signé à Paris le 10 décembre suivant) aboutira à la perte par l'Espagne des îles de Cuba, Porto Rico, des Philippines et de Guam.
Il sert par la suite dans les eaux de Porto Rico, de Saint Domingue et du Panama. Il reste en flotte jusqu'au 1er novembre 1904 avant de devenir le 25 juillet 1905 ce qui sera le premier bateau destiné exclusivement à l'usage du président des États Unis. Le 5 août, Theodore Roosevelt reçoit à son bord les délégations russes et japonaises qui doivent négocier la fin de la guerre. Ce seront ensuite les présidents William Taft (1909-1913), Woodrow Wilson (1913-1921), qui recevra à bord à plusieurs reprises miss Edith Bolling Galt, avant qu'elle ne devienne sa seconde épouse, Warren Harding (1921-1923), John Coolidge (1923-1929) et Herbert Hoover, élu en 1929, qui ont le privilège de l'utiliser. Rencontes politiques et diplomatiques sont organisées à son bord mais, quelques mois après l'élection de ce dernier, les réalités de la crise financière s'imposent. Des économies doivent ête faites. À contre-cœur, Herbert Hoover décide de ne plus utiliser le bateau qui est rayé de la flotte le 22 mars 1929. Après qu'il ait subit un important incendie en cale sèche au Philadelphia Navy Yard le 24 janvier 1931, il change de mains plusieurs fois au cours de la décennie, faisant l'objet de plusieurs projets tous abandonnés, le plus souvent par manque de moyens financiers.
L'entrée en guerre des États-unis provoque une importante augmentation des besoins de la marine américaine. Parmi de nombreuses acquisitions, la War Shipping Administration racheta le Mayflower le 31 juillet 1942 et lui donna le nom de USS Butte. Le bateau est transformé et adapté à un usage militaire par la Norfolk Shipbuilding & Drydock Corp. puis attribué le 19 octobre 1943 à l'US Coast Guard sous le numéro WPG 183. Est associé à son ancien nom le préfixe du corps, faisant de lui l'USCGC Mayflower. Son activité consiste à surveiller les abords de la côte est et à y protéger la navigation alliée de l'attaque éventuelle de sous-marins ennemis.
Près avoir été décommissionné le 1er juillet 1946, le bateau est vendu à un particulier de Baltimore, Frank M. Shaw le 8 janvier 1947. Son nouveau propriétaire entend l'utiliser dans les eaux froides de l'Arctique pour la chasse aux phoques. Heureusement pour ces derniers, la carrière du chasseur est brève puisqu'il n'atteint pas sa zone de chasse. Au début du mois de mars, il navigue entre le Grœnland et le Labrador pour la rejoindre mais un incendie survient à son bord et le contraint à faire route arrière pour regagner Baltimore. Il y reste, inactif jusqu'en 1948. Débute alors le chapitre qui est peut-être le plus passionnant de la carrière du vieux bateau.
Nous sommes au moment où de nombreux juifs d'Europe centrale cherchent à immigrer vers le nouvel état. L'Aliyah Bet (organisation clandestine d'immigration juive) (voir le site de l'historien Paul Silverstone) va les y aider en organisant des voyages au départ de plusieurs ports méditerranéens. Pour cela, il faut des navires. Parmi les 66 navires qui vont constituer la flotte sioniste, douze sont acquis aux États-unis (liste complète). Parmi ces douze, figure le President Warfield, plus connu sous le nom d'Exodus, qui lui est donné par l'organisation sioniste. Car chacun de ces navires reçoit, durant sa navigation vers la Terre Promise, un nouveau nom, officieux et ayant trait à l'histoire juive. C'est ce nom qu'il arborera devant les patrouilleurs britanniques qui chercheront à empêcher son arrivée dans les eaux de Palestine.
Au début de l'année 1948, l'Aliyah Bet, sous couvert d'une société écran portant le nom de Collins Distributors Inc., achète le navire lui donne le nom de Mala et l'immatricule au Panama. Il sera le dernier navire acquis par l'organisation sioniste. Après aménagements, mené par des volontaires juifs américains, il quitte New York pour la France en février 1948 et embarque 2 000 émigrants dans un port méditerranéen.
Les conditions du voyage sont effroyables : des châlis en bois sont installés, l'odeur qui règne dans les ponts est particulièrement nauséabonde et les émigrants passent la plupart du temps sur les ponts extérieurs. Sous le nom hébreu de Calanit, après dix jours de navigation, il parvient en Israël le 11 juillet 1948, soit après la promulgation de l'indépendance de l'état hébreu (le 15 mai 1948). Cela explique que ses passagers puissent débarquer librement et que, dix jours plus tard, il puisse quitter Israël afin de faire un second voyage, revenant à Haïfa le 4 septembre. Parmi ses passagers figurent alors 320 émigrants, anciens passagers de l'Exodus qui n'avaient pu débarquer à l'issue de leur première tentative d'immigration. Le bateau sera finalement vendu à la démolition en 1955.
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