vendredi 22 mars 2013

Petite histoire de la navigation d'avant la vapeur, nomenclature des vaisseaux de guerre au XVIIIe siècle


Suite de l'article du 19 mars 2013
J'ai eu entre les mains un exemplaire du Magasin pittoresque, un magazine français paru de janvier 1833 à 1938. Dans ce fourre-tout "pittoresque", j'ai trouvé un article intitulé Quelques détails historiques sur la forme des navires qui me semble-t-il pourrait intéresser nos lecteurs, pas tant sur le fond, peut-être, que sur la forme très datée (mi-XIXe siècle ?).

« L'art des constructions navales, dans le cours du dix-huitième siècle, fit des progrès dans la forme, la mâture, la voilure et l'ornementation des vaisseaux. Les vaisseaux à deux ponts à 50 canons furent remplacés par des frégates portant le même nombre de pièces en une seule galerie et des gaillards. Voici, du reste, les principales proportions adoptées pour les différents rangs des vaisseaux :


Parmi les changements considérables survenus dans la construction, ce qui frappe tout d'abord l'œil, c'est une augmentation énorme de voilure. Jamais les vaisseaux n'ont porté autant de toile.
En même temps que les vaisseaux de cinquante canons devenaient des frégates, à leur tour, les frégates légères, celles qui, par exemple, portaient de dix à vingt pièces d'artillerie formaient une nouvelle série de bâtiments du nom de corvettes. Les corvettes au début avaient toutes trois mâts et leur artillerie sous couverte ; plus tard, afin de les rendre plus légères à la course, on porta toute leur artillerie sur le pont supérieur. Puis, chez les plus petites, on supprima le mât d'artimon. Cette espèce de corvette a donné naissance au brig de guerre. La galiote à bombes devint une bombarde, sorte de corvette à trois mâts avec plate-formes entre le mât d'artimon et le grand mât, et entre ce dernier et le mât de misaine.
Les yachts, sorte de bâtiments légers, servent de mouches d'escadre, les galéotes d'avis, les chaloupes canonnières, armés, les uns de quelques pièces légères, les autres d'un fort canon, complètent la série des forces navales en usage au dix-huitième siècle chez toutes les puissances maritimes, sauf quelques variétés dans les espèces suivant la nature des mers et des côtes. Quand au brûlot, dont on se servait encore au commencement du siècle, il n'en est plus question à la fin; et si, depuis, certaines machines infernales plus ou moins imitées des brûlots apparurent de temps à autre, ce ne furent que des essais malheureux qui généralement n'ont point répondu à l'attente de leurs promoteurs. Les Turcs, seuls, conservèrent ces vieilles machines de guerre jusqu'à nos jours, et Navarin nous offrit pour la dernière fois le spectacle d'un vaisseau, le Scipion, aux prises avec un brûlot. Comme le brûlot, la galère, l'antique galère, disparaît au dix-huitième siècle, emportant avec elle ses divers rejetons, tels que les galéasses, etc.
Dans le même siècle, les grands bâtiments de charge, à voile, sont toujours les flûtes, qui répondent à ce  que nous nommons aujourd'hui gabares. Quant aux bâtiments de commerce, les grands sont quelquefois appelés frégates, mais plus généralement prennent le nom de vaisseaux marchands ; les petits sont les brigantins, les senaus. Ces deux espèces combinées nous ont donné le brick. Nous voyons aussi arriver des colonies d'Amérique la goélette et le sloop; ce dernier, perfectionné, est devenu le cutter ou cotre, le nec plus ultra de la construction navale, au dire de nos voisins les Anglais qui ont adopté ce genre de navire pour leur yachts, ou bâtiments de course de plaisance. Voici, avec la galéotte et le dogre, à peu près tous les genres de navires qui sillonnent l'Océan.
Dans la Méditerranée, la barque à trois mâts est devenue le chebeck ; et nous retrouvons sous leur même apparence presque toutes les embarcations dont nous avons parlé aux âges précédents. Les bâtiments latins sont ceux qui ont le moins changé d'aspect et qui ont fait le moins de progrès ; sans doute parce qu'ils étaient arrivés très vite, par la simplicité de leurs système de voilure, à un état voisin de la perfection.
L'Océan, un bel exemple de la maîtrise française du XVIIIe siècle en matière de vitesse des vaisseaux.

Si l'importance de la marine française alla en décroissant, surtout dans les deux derniers tiers du dix-huitième siècle quant au nombre des vaisseaux, il n'en fut pas de même quant à la qualité ; l'on peut dire que les meilleurs bâtiments de l'époque sortirent des ports de France. Les Anglais eux-mêmes constatèrent la supériorité de nos constructions sous le rapport de la vitesse, et reconnurent que leurs vaisseaux ne pouvaient tenir le vent comme les nôtres.
L'Océan, vaisseau de 118 canons lancé à Brest en 1790. Maquette Musée de la Marine de Paris

Le vaisseau L'Océan est un excellent spécimen de la science au dix-huitième siècle. Offert au roi Louis XV par les Etats de Bourgogne, rien n'avait été épargné pour en faire un vaisseau digne de sa destination. Construit en 1760, refondu et accostillé à la moderne, il existe encore aujourd'hui. »
FIN

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Petite correction : le 118 canons l'Océan est lancé à Brest le 8 novembre 1790 (construction ordonnée en août 1786) sous le nom d’États de Bourgogne, car effectivement financé par les États de Bourgogne.