mardi 12 mars 2013

Petite histoire de la navigation d'avant la vapeur, galéasse vénitienne, caravelles et Grand-Harry


Suite de l'article du 8 mars 2013
J'ai eu entre les mains un exemplaire du Magasin pittoresque, un magazine français paru de janvier 1833 à 1938. Dans ce fourre-tout "pittoresque", j'ai trouvé un article intitulé Quelques détails historiques sur la forme des navires qui me semble-t-il pourrait intéresser nos lecteurs, pas tant sur le fond, peut-être, que sur la forme très datée (mi-XIXe siècle ?).

«Dans les galères, l'usage des bouches à feu changea peu leur installation ; leur proue seule, quelque peu renforcée, fut armée d'un long canon établi sur un massif de bois destiné à son recul, et se prolongeant sur le milieu du navire dans toute sa longueur. On nommait coursie cette pièce de bois, et coursier le canon posé dessus. A ses côtés, des montants verticaux supportaient quelques faucons ou espingoles.
La galéasse était puissamment armée de canons sur ses châteaux de proue et de poupes et de pierriers sur pivot entre chacun de ses trente-deux bancs de rameurs.
La galéasse, née de la galea grossa comme celle-ci de la galée, portait, ainsi que la carraque et les autres navires, un château à la proue et un château à la poupe. Dans celui d'avant, elle contenait 12 canons en trois étages, dans celui d'arrière 10 seulement, en deux étages. Elle avait 32 bancs de rameurs, et, entre chacun de ses bancs, se dressait un pierrier sur pivot. C'était, on le voit un armement assez formidable. La galéasse avait trois mâts et des voiles latines. Les Vénitiens avaient beaucoup de ce bâtiment. Leur fameux Bucentaure était de la famille des galéasses.
Les caravelles, comme celles de Christophe Colomb, étaient réputées pour leur maniabilité, comparée à celle d'un bateau manœuvré à l'aviron.
A la fin du quinzième siècle, quand Christophe Colomb arma ses navires à Palos, il ne composa sa petite flotille que de caravelles. Or ce ce nom de caravelle, qui dans l'origine était celui d'une simple barque, était en ce temps porté par un navire assez considérable sans être fort grand. La caravelle avait quatre mâts : celui de le proue avec une voile carrée surmontée d'un trinquet de gabie (grand hunier), les trois autres avec chacun une voile latine. Cette voilure permettait toutes les allures à la caravelle ; enfin, elle était aussi prompte dans ses mouvements que la tartane française, fort renommée aussi à cette époque. Elle virait de bord avec autant d'agilité que si elle eut été manœuvrée à l'aviron. Elle n'avait qu'un seul pont et ne pouvait pas prendre de grandes charges. Cependant, si les caravelles de Colomb étaient moins grandes que celles que l'on vit plus tard, à la fin du seizième siècle, elles l'étaient encore assez pour contenir 90 hommes d'équipage et les vivres nécessaires à un long voyage. Celle que montait Colomb se nommait Sainte-Marie, les deux autres la Pinta et la Nina. Un passage du journal du navigateur fait connaître en détail la voilure de son bateau. «… Le vent, dit-il, devint doux et maniable, et je mis dehors toutes les voiles de la nef, la grande voile avec les deux bonnettes, le trinquet (la misaine française), la civadière, l'artimon et la voile de hune.»
Les caravelles avaient, comme toutes les grandes embarcations de l'époque, un château d'avant et un château d'arrière. Elles faisaient en moyenne deux lieues et demie à l'heure. Colomb ne mit que trente-cinq jours pour aller de Palos à Salvador ; c'est encore de nos jours une traversée ordinaire.


Le Grand-Harry anglais* est un exemple marquant de ces grands voiliers d'après l'invention des sabords par le Brestois Descharges.
Le seizième siècle fut une époque de progrès pour la marine ; ce fut surtout l'Angleterre qui la fit ainsi progresser. Cependant une invention importante, celle des sabords, est due à un Français de de Brest nommé Descharges. Le système suivi dès-lors pour la disposition des  batteries, n'a jamais changé depuis et subsiste encore de nos jours. Les historiens et les antiquaires se sont donné grande peine pour arriver à connaître les formes des bâtiments de guerre de cette époque ; les documents écrits et dessinés sont, les uns si confus, et les autres tellement dénués de proportion et de perspective, qu'il est difficile de les comprendre. toutefois, comme on connaît quelques détails authentiques du Grand-Harry, ce vaisseau peut servir à donner un aperçu de la marine du seizième siècle.»

*La carraque anglaise que ce journal nomme Grand-Harry est en fait Henry grace à Dieu surnommé Great Harry. Contemporain du Mary Rose, Henry Grace à Dieu était encore plus grand. Il se caractérisait par un long château arrière de quatre ponts et un plus court de deux ponts à l'avant. Il faisait 50 mètres de long, 1500 tonnes en pleine charge et avait un équipage de 700 à 1000 hommes. Il avait été commandé par Henry VIII pour répondre au Michael écossais, lancé en 1511. Construit au chantier Woolwich Dockyard de 1512 à 1514, il est l'un des premiers bateaux à utiliser des sabords et était équipé de 20 nouveaux canons en bronze. Il est ensuite armé au Naval Dockyard de Erith de 23 canons supplémentaires et de 141 pierriers. C'était le premier navires à deux-ponts anglais et le plus gros d'Europe à son lancement. Il fut principalement utilisé comme navires d'apparat par les rois anglais, emmenant ainsi Henry VIII rencontré François Ier au Camp du drap d'or. En 1547, il est rebaptisé Edward en l'honneur du nouveau roi Edward VI. Il brûle en 1553 et son épave finira ses jours sur les bords de la Tamise.
La fin à une autre livraison

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