Le croiseur-cuirassé Latouche-Tréville dans la série "Flotte de guerre française" du chocolat Klaus. Coll agence Adhémar |
Le croiseur-cuirassé* Latouche-Tréville, de la classe Amiral-Charner, est en service dans la Marine française de 1895 à 1920. Il porte le nom du vice-amiral Latouche-Tréville (1745-1804). Construit aux forges et chantiers de la Méditerranée à Graville-Sainte-Honorine, près du Havre de 1890 à 1892, il faisait 110 mètres, avait un maître-bau de 14 mètres et un tirant d'eau de 6,2 mètres. Ce deux-cheminées était propulsé par deux machines Creusot à 16 chaudières Belleville. Il avait deux hélices et filait ses 17 nœuds. Son équipage était de 410 hommes. Son armement se composait de 16 canons (2 de 194mm, 6 de 138mm, 4 de 65mm, 4 de 47 mm) et de 6 canons revolver de 37 mm et 4 TLT de 450 mm.
Commandé le 18 décembre 1889, il est lancé le 8 octobre 1892 et armé le 6 mai 1895. Il est retiré du service actif le 21 juin 1920. La Classe Amiral Charner (1894) comprenait Amiral Charner, Bruix, Chanzy et Latouche-Tréville. *Le croiseur cuirassé, ou croiseur blindé, est un type de navire de guerre essentiellement développé entre 1875 et 1910. Il prend la suite du croiseur protégé des années 1875 à 1890, qu'il surclassera très vite. Son évolution aménera le croiseur de bataille. Les croiseurs cuirassés firent la différence dans la bataille d'Ulsan (1904), la guerre russo-japonaise (1904-1905) et la bataille de Tsushima (1905). Mais dès 1907, quand la Royal Navy commença à engager les croiseurs de bataille de classe Invincible puis les cuirassés de classe Dreadnought, leur obsolescence devint évidente. La bataille de Coronel (entre Royal Navy et marine impériale allemande au large du Chili) au début de la Première Guerre mondiale fut la dernière où les croiseurs-cuirassés furent victorieux.
En 1895, Latouche-Tréville appartient à la division navale de l'École supérieure de guerre et en 1897, à l'escadre de la Méditerranée (au Levant).
En juin 1897, il est mis en réserve à Toulon puis, en octobre et jusqu'à 1899, il revient à l'escadre de la Méditerranée. En février 1905, il est de nouveau mis en réserve à Toulon. En février 1907, il sert d'annexe pour des exercices de canonnage.
Lors d'un exercice de tir aux Salins-d'Hyères, le 22 septembre 1908, se produit un accident qui tue quatorze marins au total. C'était la goutte d'eau qui fit déborder le vase… Elle coûta son poste au ministre de la Marine, Gaston Thomson, du gouvernement de G. Clemenceau qui résume ainsi la situation ; « La Chambre ne nous fait aucun cadeau. Il faut dire qu'il y a de quoi. Naufrages des croiseurs Sully, Jean Bart et Chanzy, des sous-marins Lutin et Farfadet, explosion du cuirassé Iéna... et maintenant, cet accident lamentable sur le Latouche-Tréville. Mon rival Delcassé … ne cesse de se répandre dans la presse ou dans les couloirs du parlement sur le fait que mon gouvernement est "incapable de préparer le pays au combat".»
Le ministre de la Marine tente de se justifier : " Les explosions sont largement dues à la poudre B qui remplace la célèbre poudre noire et produit beaucoup moins de fumée. L'utilisation de cet explosif n'est pas encore totalement maîtrisée par les marins et les risques restent importants."
G. Clemenceau conclut fermement : " Ecoutez, Thomson, sur les navires allemands ou britanniques, on trouve aussi de la poudre B et rien ne saute. Non, la vérité, c'est que c'est le foutoir dans votre marine. Le rapport de la commission d'enquête le montre : entretien défectueux du matériel, absence de consignes de sécurité précises, personnel mal formé, investissements mal suivis et inefficaces... J'ai été patient avec vous, j'ai accepté les augmentations de crédits que vous me demandiez avec insistance mais les résultats ne sont pas au rendez-vous. Je souhaite que vous retrouviez rapidement votre siège de député de Constantine, vous y êtes plus à l'aise. "
Source Blog Le Monde
En décembre 1912 : Le croiseur-cuirassé Latouche-Tréville est réarmé puis il participe aux combats de la Première Guerre mondiale à Bizerte et Casablanca et au blocus du canal d'Otrante en 1914. En 1915, il est d ans la bataille des Dardanelles où il subit une avarie le 4 juin 1916 lors d'un bombardement. De 1916 à 1918, il accompagne l'expédition de Salonique, puis participe au blocus de la Grèce.
En décembre 1918, il achemine le corps du contre-amiral Victor Sénès, mort lors du torpillage le 27 avril 1915 du Léon Gambetta à 5 miles nautiques des côtes italiennes, naufrage qui aurait fait 684 morts.
Le 26 février 1920, il est désarmé et sera démoli en 1926.
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