mercredi 22 janvier 2014

Des otages allemands pour protéger les navires-hôpitaux français en 1917


«Pour protéger les navires-hôpitaux contre les sous-marins allemands, les Alliés décidèrent d'embarquer sur ces bâtiments un certain nombre d'officiers prisonniers appartenant à la noblesse d'Allemagne. Cette mesure eut immédiatement son effet ; les torpillages cessèrent et il fut convenu que des officiers espagnols s'assureraient que les navires-hôpitaux n'étaient pas employés à un autre usage qu'au transport des blessés. Depuis, les officiers boches ont été débarqués. Cette photographie représente l'arrivée de ces hobereaux au navire-hôpital. Dans le médaillon, en haut, c'est leur promenade sur le pont. En bas, la lessive des officiers est faite par les ordonnances.» 
Le Pays de France, supplément du quotidien Le Matin, 22 octobre 1917. Collection agence Adhémar

Le 1er février 1915, le navire-hôpital britannique Asturias est attaqué par un sous-marin allemand. Puis ce sera le cas du Braemar Castle, à nouveau l’Asturias, coulé le 21 mars 1917, le Gloucester Castle coulé le 30 mars 1917, le Donegal, le Lanfranc le 17 avril, le Dover Castle le 26 mai, etc. Les autorités allemandes invoqueront le fait que ces navires étaient trop lourdement chargés et transportaient du matériel militaire, contrevenant ainsi à la convention. 
Afin d’éviter que les navires-hôpitaux français ne subissent le même sort, les autorités françaises décident le 3 avril 1917 d’y embarquer des prisonniers allemands à partir du 15 avril suivant. Une liste est établie par le ministère de la Guerre, qui décide de prendre comme otages les prisonniers «les plus notables, soit par leur grade, soit par leur situation sociale». Au total, ce seront 70 officiers allemands, dont un général et quinze officiers supérieurs qui seront embarqués sur les navires français entre avril et mai 1917. A titre de représailles, le gouvernement allemand transfère trois fois plus d’officiers français (plus de 200) dans des endroits «particulièrement exposés aux attaques des aviateurs ennemis». 
Après une médiation du roi d’Espagne, un accord intervient, dès septembre, les otages sont remplacés par des officiers espagnols chargés en outre de veiller au respect de la convention. La France s’engage à ne pas faire un usage abusif de ses navires hôpitaux, les Allemands n’imposent plus de zones de navigation. 

Voir aussi 


Les navires hôpitaux français au XXe siècle
French Hospital Ships during XXth century

par/by Docteur Gilles Barnichon

Cliquez ici/click here

Aucun commentaire: