Le capitaine Vladimir Ivanovitch Voronine commande en 1932 le brise-glace Aleksandr Sibiriakov, le premier à emprunter la route maritime du Nord sans escale et sans hivernage. Le Aleksandr Sibiriakov appareilla du port d'Arkhangelsk le 28 juin 1932, traversa la mer de Kara et, par une route encore inexplorée, contourna par le nord la Terre du Nord (Severnaïa Zemlia) jusqu'à la mer de Laptev. En septembre, arbre d'hélice brisé, il dériva pendant 11 jours mais grâce à ses voiles atteignit le détroit de Béring en octobre. Il parvint au port japonais de Yokohama au bout de 65 jours, ayant parcouru plus de 2 500 milles dans les mers arctiques. Ce périple qui marque le début de la navigation régulière le long de la côte Sibérienne, véritable exploit des marins polaires soviétiques, valut à V. I. Voronine ainsi qu'au chef de l'expédition, Otto J. Schmidt, les plus grands honneurs. Cette expédition était organisée par l'institut de l'Arctique soviétique (aujourd'hui Institut de recherche sur l'Arctique et l'Antarctique de Saint-Pétersbourg).
Aleksandr Sibiriakov, construit en Grande-Bretagne en 1909, 1132 tonnes, 467 net, dim. 241 x 35.8 x 16.9ft. Propulsé par une machine triple expansion, 2000 ch., vitesse 11 nœuds. Utilisé pour le transport de matériel du Royaume Uni à Arkhangelsk avant d'être transformé en navire océanographique. Sous le nom de LD-6, il est coulé par le croiseur Admiral Scheer le 25 août 1942.
La goélette Fram de Fridtjof Nansen (1861-1930)
Ayant acquis une renommée internationale grâce à sa première expédition (la première traversée est-ouest du Groenland), Fridtjof Nansen présente à la Société Géographique Norvégienne un nouveau projet, une dérive transpolaire, basée sur l'expérience du navire La Jeannette, emprisonné puis brisé par les glaces le 13 juin 1881, après vingt et un mois de dérive dans l'Arctique, au nord de la Nouvelle-Sibérie. Ayant réuni des fonds suffisants, Nansen décide de faire construire un navire de conception nouvelle, capable de se laisser prendre par les glaces et assez solide pour résister à leur pression. L'architecte naval norvégien Colin Archer lui construit le Fram (pouvant être traduit par "en avant"), un navire de 402 tonneaux bruts, gréé en trois-mâts goélette avec une voilure d'une superficie de 600 m² et doté d'une machine à triple expansion de 220 CV permettant une vitesse de 6 à 7 nœuds. L'expédition fut un réel succès sur les plans sportif, humain et scientifique : trois hivernages réussis en Arctique pour treize membres d'équipage, le point le plus septentrional jamais atteint (86° 14' de latitude soit 364 km du pôle Nord) rallié par deux explorateurs à skis et en traîneau à chiens, la découverte de la profondeur importante de l'océan au pôle, de l'itinéraire des banquises en dérive depuis le détroit de Béring jusqu'à l'Atlantique, de l'existence, sous une couche superficielle froide, de plusieurs nappes d'eaux relativement chaudes (jusqu'à + 1°) et très salines, de l'existence d'une faune ailée importante (mouettes, pétrels, stercoraires, bruants) et l'étude de la formation des glaces.
A suivre…
A suivre…