Suite de l'article du 12 mars 2013
J'ai eu entre les mains un exemplaire du Magasin pittoresque, un magazine français paru de janvier 1833 à 1938. Dans ce fourre-tout "pittoresque", j'ai trouvé un article intitulé Quelques détails historiques sur la forme des navires qui me semble-t-il pourrait intéresser nos lecteurs, pas tant sur le fond, peut-être, que sur la forme très datée (mi-XIXe siècle ?).
Galère du dix-septième siècle. L'usage des bouches à feu changea peu leur installation au cours des siècles. |
Avant la fin du seizième siècle, quelques bâtiments portuguais et espagnols portaient déjà jusqu'à 80 bouches à feu montées sur affûts. A cette époque, le plus fort vaisseau appartenant à la marine anglaise ne portait guère que que 50 canons ou pièces dignes de ce titre. Ceux des autres nations étaient encore plus faibles.
Le souverain des mers (Sovereign of the Seas), premier grand vaisseau construit en Angleterre. |
Sa longueur, de la proue à la poupe était de 232 pieds (anglais). Il portait cinq lanternes, dont une , la plus grande, pouvait contenir jusqu'à dix personnes, debout, et à l'aise. Il avait trois ponts de bout en bout, un gaillard d'avant, un demi-pont, un gaillard d'arrière et une dunette. Son armement se composait comme suit : 30 sabords avec canons et demi-canons à la batterie inférieure; 30 sabords avec couleuvrines à la seconde batterie; 36 sabords pour pièces de moindre calibre à la trois!ème batterie; douze sabords au château d'avant et quatorze au demi-pont; enfin, à l'intérieur, treize ou quatorze pièces braquées; une multitude de meurtrières pour la mousqueterie, dix pièces de chasse et dix de retraite. Il avait onze ancres. «Le Souverain des mers, dit Charnock, fut le premier grand vaisseau construit en Angleterre. On eut, en le construisant, particulièrement en vue la splendeur et la magnificence. Il fut en quelque sorte l'occasion des plaintes sérieuses qui s"élevèrent au sujet des dépenses de la marine sous le règne de Charles Ier. Diminué d'un pont, ce vaisseau devint un des meilleurs bâtiments de guerre du monde entier. »Il est de fait que la suppression de ce pont, complété par l'abaissement de son château d'arrière, lui donna plus de stabilité qu'il n'avait d'abord.Or, pour la célérité, ce qu'il gagna en stabilité par ces changements, fut compensé par la longueur ajoutée à sa mâture. Les Huniers, dès cette époque, introduisirent les volles importantes des navires. Les anciennes gravures nous montrent en effet les bâtiments du seizième siècle naviguant généralement sous les basses voiles. Depuis Le Souverain des mers cela n'eut plus lieu que dans des cas particuliers et forcés par l'état des éléments.Ce fut le capitaine Phineas Pett qui dirigea les travaux de construction et d'amélioration du Souverain des mers. Savant ingénieur, c'est à lui que la marine d'Angleterre dut ses progrès principaux. L'artillerie devint plus forte, et l'équipage fut plus nombreux et mieux logé. La marine entière se ressentit de ces progrès. Le Souverain des mers jaugeait 1637 tonneaux, chose qui, selon un historien du temps, méritait par dessous tout d'appeler l'attention du monde, attendu que ce chiffre reproduisait exactement la date de sa mise à l'eau. malgré le présage trois fois heureux que l'historien sus-dit voulut voir dans ce rapprochement, Le Souverain des mers eut la trite fin du Grand-Harry. Il périt comme ce dernier par les flammes dans un chantier où on le réparait, en 1696, après soixante ans de mer. Notons ici que Fuller, dans son histoire des Merveilles de l'Angleterre, convient qu'au commencement du dix-septième siècle, les Dunkerquois ont fourni les modèles des meilleurs navires construits à cette époque dans les ports britanniques. Une chose certaine, c'est qu'au moment où Louis XIV prit les rênes de l'Etat, la marine française n'existait point, à proprement parler.Voltaire prétend qu'en 1664, quelques frégates et un vaisseau en mauvais état constituait toute sa force. Il était réservé ) Colbert de la créer. Toutefois il faut reconnaître qu'avant lui, la France avait déjà eue des velléités maritimes. Après le siège de La Rochelle, Richelieu, jaloux des accroissements de la marine anglaise, avait donné une sorte d'impulsion aux idées navales, en armant tout aussitôt 50 vaisseaux et 20 galères; mais l'effet de cette impulsion n'avait duré qu'un moment. Colbert sut en donner une véritable et durable. Avec lui, en moins de cinq ans, la France posséda une marine triomphante.
Soleil Royal, d'une magnificence jamais égalée. |
Il était de 1600 tonneaux, avait 150 pieds de long, 48 de large et 16 de creux. Il portait trois lanternes sur le plus haut de la poupe et une seule grande hune. En qualité de vaisseau amiral, son grand mât arborait le pavillon blanc semé de fleurs de lys, avec un écusson aux armes de France, entouré ds ordres de Saint-Michel et du Saint-esprit. L'ornementation du Soleil-Royal avait une telle magnificence qu'il ne s'était jamais fait avant et qu'il ne se fit jamais depuis de construction navale aussi splendide. Le Soleil-Royal était armé de 120 canons en trois batteries complètes avec gaillards et dunettes. »
Soleil-Royal par le peintre de la Marine Albert Sebille. |
Vaisseau-amiral de la flotte du Ponant pendant la guerre de la Ligue d'Augsbourg. Il est brûlé à l'issue de la bataille de la Hougue, le 2 juin 1692.
A suivre…
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire