vendredi 28 juin 2013

SMS Vaterland, canonnière fluviale allemande en Chine

Vaterland en 1908, remontant le Yang tsé Kiang, en escale à Tchongking (Chongqing).
Canonnière du Yang-Tsé fait immanquablement penser à Steve McQueen dans le film éponyme retraçant la vie à bord d'un bateau américain sur le fleuve dans une Chine en pleine mutation entre les deux guerres mondiales. Ce que l'on sait peut-être moins, c'est que ce grand fleuve chinois était depuis déjà longtemps sillonnés par des unités des grandes puissances occidentales. 
SMS Vaterland est une canonnière fluviale de la marine impériale allemande (sister-ship SMS Tsingtau), affectée de 1904 à 1914 à des missions de surveillance sur le Yang-Tsé-Kiang et rattachée à l'escadre d'Extrême-Orient (Ostasiengeschwader).
La canonnière est construite par les chantiers Schichau d'Elbing en 1902-1903 et lancée le 26 août 1903. Elle a un tirant d'eau extrêmement bas. C'est le Guillaume II lui-même qui décide de son nom de baptême afin de donner confiance aux résidents allemands de Chine, et aux concessions commerciales allemandes, et de faire démonstration de force, comme les autres canonnières britanniques ou françaises, alors que le souvenir de la guerre des Boxers était encore récent. La canonnière est acheminée en plusieurs sections par le paquebot de la Hapag, Belgravia, jusqu'à Shanghai, où elle est  remontée en février 1904 et mise en service le 28 mai.
Lorsque des troubles éclatent à Shanghai le 18 décembre 1905, elle patrouille avec la SMS Tiger et débarque un détachement. Elle navigue sur le cours supérieur du fleuve en avril 1907 lorsqu'elle rencontre le 4 mai les canonnières anglaises HMS Woodlark et HMS Woodcock et la canonnière française Olry devant Tchongking. Elle continue à patrouiller avec la Woodlark, car des émeutes font rage à Wanshien. En juillet 1907, elle s'arrête à Tchongking pendant vingt-deux mois, pour surveiller la zone (voir photo ci-dessus). 


Elle s'arrête à Itchang en mai 1910, à cause de troubles liés à la chute de l'Empire et à la guerre larvée dans la région. Les troubles s'étendent surtout à partir de 1911, et la canonnière reçoit l'ordre en janvier de se rendre à Hankéou avec les canonnières SMS Jaguar et SMS Taku, ainsi qu'avec le torpilleur SMS S 90. Hankéou abrite en effet plusieurs concessions étrangères, dont l'allemande. Elle y demeure jusqu'en mai. Mais en octobre 1911, la révolution chinoise éclate et la République est proclamée. La canonnière retourne donc à Hankéou. Elle mène ses missions de surveillance sur zone, jusqu'en 1914, avec des arrêts à Shanghai pour révisions.
La SMS Vaterland se trouve à Nankin lors de la déclaration de guerre, en août 1914. Une partie de l'équipage reste à bord tandis que le reste des hommes est envoyé à Tsingtao (Tsingtau en allemand), concession allemande et port d'attache de l'escadre d'Extrême-Orient, où ils rejoignent le croiseur auxiliaire SMS Cormoran. La canonnière est rachetée par une société écran et parvient à se cacher à l'intérieur du pays, renommée Landesvater.


Lorsque la Chine entre en guerre à son tour en 1917, la canonnière est capturée par la flotte chinoise, le 20 mars. Il est renommé Li-Sui et affecté avec le Li-Tsieh (l'ancienne SMS Otter) à la surveillance du fleuve Amour. Le navire subit plusieurs transformations et son armement est modifié. Il finit par être réquisitionné à son tour par les autorités de la marine du Mandchoukouo où s'arrête probablement son histoire.

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