vendredi 8 mars 2013

Petite histoire de la navigation d'avant la vapeur, nefs, carraques et galères subtiles

Suite de l'article du 5 mars 2013
J'ai eu entre les mains un exemplaire du Magasin pittoresque, un magazine français paru de janvier 1833 à 1938. Dans ce fourre-tout "pittoresque", j'ai trouvé un article intitulé Quelques détails historiques sur la forme des navires qui me semble-t-il pourrait intéresser nos lecteurs, pas tant sur le fond, peut-être, que sur la forme très datée (mi-XIXe siècle ?).

Au treizième siècle, la flotte que saint Louis emmène avec lui vers la Terre Sainte, témoigne d'assez profondes modifications survenues dans l'art des constructions navales. Saint Louis n'avait pu réunir les dix-huit cents navires dont il composa sa flotte qu'en recourant à la marine des Etats voisins, celle des Génois et des Vénitiens entre autres. Or les contrats de louage qu'il passa avec ces derniers pour plusieurs bâtiments, nous font connaître les détails suivants sur une embarcation du nom de Sainte-Marie. Ce navire était à deux ponts et à deux mâts. il possédait deux dunettes superposées, deux plate-formes, un tillac supérieur et une galerie de combat de 4 ou 5 pieds surplombant la poupe. Cette nef, armée de cent dix marins, avait 108 pieds de longueur. Les mêmes contrats nous renseignent encore sur un autre navire nommé la Roche-forte. Quoiqu'un peu moins long que la Sainte-Marie, il était cependant plus fort, ayant plus de largeur. Il avait deux gouvernails, l'un à bord, l'autre à tribord. sa mâture se composait aussi de deux mâts, l'un à la proue, l'autre au milieu. Celui du milieu était moins fort et moins haut que celui de l'avant. Il n'avait que vingt-six haubans, tandis que l'autre en comptait ving-huit. La voilure de presque toutes les embarcations de la flotte était en coton. Toutes les voiles étaient des triangles rectangles dont l'hypothenuse attachée à l'antenne (la vergue) s'appelait l'antenale. Cependant, il est juste de mentionner le dire de quelques auteurs qui ont prétendu que les voiles des nefs de saint Louis étaient carrées. leur assertion n'est fondée que sur la forme et la dimension des antennes, sur tous les documents du temps représentent fort longues et suspendues par le milieu.
Nous devons aussi faire remarquer qu'en parlant de la Sainte-Marie et de la Roche-forte, navires vénitiens, nous avons indirectement parlé des constructions navales sorties des ports de France et des autres pays européens. A cette époque, tous les bâtiments génois, castillans, français, etc., se ressemblaient ; connaître ceux-ci, c'est connaître ceux-là.



Les galées du treizième siècle s'étaient aussi quelque peu transformées. plus fines, plus effilées que celles du siècle précédent, l'on voyait déjà poindre en elles l'espèce dite (au quatorzième siècle) des galères subtiles. Ces galères extrêmement légères à la course, étaient garnies, de chaque côté, de vingt-quatre à vingt-six avirons, et pouvaient avoir 110 à 120 pieds de longueur. Après leur apparition, le pamphile, dont nous avons parlé plus haut, disparut peu à peu.


Les carraques dominèrent les mers du quatorzième au seizième siècle.
Cependant, au quatorzième siècle et même au quinzième et seizième siècle, les navires les plus célèbres furent les carraques (ou caraques), bâtiment d'un port considérable qui venaient de suite après les vaisseaux proprement dits pour la grandeur. Leur tonnage peut être évolué par leur chargement qui allait quelquefois jusqu'à 1400 barriques. En 1359, les Castillans prirent une carraque vénitienne qui avait trois couvertes (ponts), et devait par conséquent être haute comme les grosses flûtes du dix-septième siècle. En 1545, une carraque française, le Caraquon, qui passait pour le plus navire et le meilleur voilier de la mer du ponant, était d'un port de 800 tonneaux, et avait cent pièces d'artillerie de tous calibres pour armement de guerre.
Les carraques du quatorzième n'avaient que deux mâts ; au quinzième, elles en prirent trois, puis quatre. d'abord, à trois ponts, elles arrivèrent à en posséder jusqu'à sept. La poupe et la proue y étaient plus hautes que le tillac de la hauteur de trois ou quatre hommes, et figuraient des châteaux élevés à chacune des extrémités. Ces châteaux portaient chacun trente-cinq à quarante canons. 
Une carraque vénitienne qui avait trois couvertes (ponts) devait, par conséquent, être haute comme les grosses flûtes du dix-septième siècle.
A suivre…