mardi 4 juin 2013

Escadres françaises à l'abri des rades de Villefranche et Cherbourg à la veille de la Guerre de 14



Escadre française à l'abri de la rade naturelle de Villefranche avant 1914. Collection agence Adhémar 
Alain a dit : Je vous indique que  la photo de la rade de Villefranche que vient de publier Sylvie Christian date de 1902 on y voit au premier plan le croiseur de 3e classe Linois à gauche coque blanche et le croiseur protégé Du Chayla coque noire à droite, trois cuirassés et d'autres croiseurs plus loin.
Dans un article de novembre 2010 (cliquez ici), notre ami Alain a déjà vanté les avantages de la rade naturelle de Villefranche pour les escadres de La Royale. Voici quelques précisions historiques : La rade offre un mouillage sûr à l’abri des vents d’est. Avec une profondeur moyenne de 17 m, elle atteint 95 m à son entrée et se prolonge au large à environ un mille par le canyon de Villefranche, un abysse de plus de 500 m au large de la baie des Anges. La rade est fréquentée dès l'Antiquité par les marins grecs et romains. Ceux-ci s'en servent comme mouillage et lui donnent le nom d'Olivula Portus. Le site est cependant victime d'attaques barbares répétées. Les habitants délaissent le bord de mer et se réfugient sur les hauteurs où ils fondent un autre village, Montolivo. 
En 1295, Charles II d'Anjou, comte de Provence, comprend l'importance stratégique du site, situé aux frontières de son territoire. Afin d'encourager les habitants à revenir peupler le bord de mer, il leur octroie une franchise de taxes. Le village est ainsi baptisé Villa Franca.
En 1388, Villefranche est donné au Duché de Savoie dont elle devient la seule porte maritime jusqu'à la construction du port de Nice au XVIIIe siècle. En 1543, la rade est occupée par la flotte franco-turque de Khayr ad-Din Barberousse. Le duc Emmanuel-Philibert de Savoie (1528-1580) ordonne alors sa fortification et une première flotte de guerre est construite dans le port de la Darse.
En 1856, le Duc de Savoie donne à bail le lazaret et la darse de Villefranche à la marine impériale russe qui fera du port une base navale et de ravitaillement en charbon de premier plan, essentielle puisqu'au lendemain de la guerre de Crimée, la Russie est privée d'accès à la Méditerranée par le Bosphore. En 1893, une équipe de scientifiques de Kiev remplace les militaires russe pour des recherches océanographiques.
Dernier fait d'arme avant de  devenir un port de croisières, la rade de Villefranche abritera la sixième flotte des États-Unis à l’issue de la Seconde Guerre mondiale, dans le cadre de l’organisation du traité de l'Atlantique Nord entre 1945 et 1966.


Escadre française à l'abri des digues du port de Cherbourg avant 1914. Collection agence Adhémar
Nous avons déjà parlé largement de Cherbourg et de son port dans ce blog (cliquez ici) mais nous n'avions jamais publié de photo de cette majestueuse rade artificielle. Voilà qui est fait.
A l'époque de la guerre d'indépendance des États-Unis, Louis XVI décide l'édification d'un port militaire dans le Cotentin afin de disposer d'un grand port militaire sur la Manche, comparable à celui de Brest sur l'Atlantique. La rade de Cherbourg «doit être couverte par une jetée de deux mille toises de long, située entre la pointe de Querqueville et les récifs de l'île Pelée», assise sur un fond de 20 mètres. 
Les travaux débutent dans les années 1780. L'île Pelée est fortifiée tandis qu'on immerge, en présence du roi, des cônes en bois remplis de pierre au large du port pour servir de fondations à une digue. Mais les crédits s'épuisent rapidement, ne permettant l'immersion que de 18 cônes (sur les 90 prévus) lorsque les travaux sont interrompus par la Révolution française.
Ils reprennent à la demande de Bonaparte en 1803 (décret du 25 germinal an XI). En 1813, la digue du large qui fait de la rade de Cherbourg la plus grande rade artificielle au monde est achevée. L'ingénieur Joseph Cachin est chargé du creusement, à l'ouest de la ville, de l'avant-port militaire, inauguré le 27 août 1813 par l'impératrice Marie-Louise. Il est décidé de déplacer l'Arsenal au même endroit.
Les bassins Charles X (commencé en 1814 - 290 x 220 x 18 mètres) et Napoléon III (commencé en 1836 - 420 x 200 x 18 mètres) du port militaire sont inaugurés le 25 août 1829 et le 7 août 1858.
Ces travaux titanesques de près d'un siècle, qui ont coûté entre 3 et 4 millions de francs or par an, s'achèvent alors que la France pacifie ses relations avec la Grande-Bretagne.
Au début du XXe siècle, le grand port destiné à protéger notre flotte de guerre n'est pratiquement plus utilisé que pour accueillir les grands paquebots de l'épopée transatlantique.
Le port est méticuleusement miné et détruit par les Allemands en juin 1944. Reconstruit par l'armée américaine, il devient le port principal de l'offensive des Alliés. Il peut alors accueillir les premiers Liberty Ships. Jusqu’à la libération du port d'Anvers en novembre 1944, le débarquement journalier des approvisionnements et du matériel militaire fait de Cherbourg le plus grand port du monde. Le trafic y sera le double de  celui du port de New York.