Le lancement du paquebot Ile-de-France vu par L'Illustration du 20 mars 1926.
«Dimanche dernier, aux chantiers de Penhoët, à Saint-Nazaire, on a lancé le paquebot Ile de France, construit pour la Compagnie Générale Transatlantique, qui le destine au service maritime postal entre Le Havre et New-York. M. Mario Roustan, Sous-secrétaire d'Etat à la Marine Marchande, M. John, dal Piaz, Président du Conseil d'Administration de la Compagnie Générale Transatlantique, et de nombreuses personnalités maritimes et commerciales assistaient à l'opération. Ce navire, le plus grand mis en chantier jusqu'à ce jour par une compagnie française, mesure 241 mètres de long, 28 de large et le neuvième de ses ponts, dont cinq s'étendent d'une extrémité à l'autre, s'élève à 30 m.45 au dessus de la quille. C'est une véritable cathédrale flottante, et la rue de la Paix, large de 21 mètres et longue de 238, entre l'Opéra et la place Vendôme, ne pourrait le contenir. Ajoutons qu'il jauge 41.000 tonneaux, que son tirant d'eau en charge est de 9.65 m, sa puissance de 52.000 chevaux et sa vitesse de 23 nœuds. Il pourra transporter 1.750 passagers en cabines et son équipage (officiers, matelots, mécanicien, personnel civil, etc…) groupera un effectif de 803 personnes. Le lancement d’Ile de France n'a pas été réalisé, comme on l'a dit, par le système de la savate : pièce de bois interposée entre les tins de la cale et la quille et qu'habituellement l'on scie à l'avant, la partie libérée glissant alors vers la mer avec le navire. On a procédé différemment pour Ile de France La coque reposait sur un berceau posé lui-même sur un double chemin de glissement, rendu plus lisse par une couche abondante de suif. Pour retenir le navire sur cette pente, on avait ajusté symétriquement deux verrous hydrauliques auxquels s'ajoutait l'effet des tins secs, surfaces de bois non suiffées formant frein et qu'on retire au moment de la mise à l'eau. Deux groupes de verins hydrauliques, dont la poussée équivalait à 400 tonnes, étaient disposés de gauche à droite. A un signal donné, tandis que la marraine, Mme Fould, coupait le ruban symbolique, les verrous de décrochage furent manœuvrés et les vérins entrèrent en action. On vit jouer quatre pistons géants allongés hors de leur cylindre ; et l’Ile de France démarra majestueusement sur la pente lubrifiée par 26.000 kilos de suif. Ce fut alors la ruée pittoresque des pilleurs de suif montés sur de petites embarcations, obstinés à leur fructueuse cueillette malgré deux lances croisant leurs jets à l'entrée du bassin de lancement. Ce majestueux paquebot fait partie du programme de construction que la Compagnie Générale Transatlantique réalise progressivement pour maintenir honorablement le rang qu'elle occupe dans le trafic international de l'Atlantique Nord.»
Le paquebot Ile-de-France dans la nouvelle entrée du port, remorqué par l'Auroch, l'Atlas, le Nord, le Commerce et l'Abeille de la Cie Nazairienne de remorquage et de sauvetage. |