mardi 1 avril 2014

L'aviso colonial Bougainville

L'aviso colonial Bougainville(collection agence Adhémar)
Nous avons déjà rencontré l'aviso colonial Bougainville dans ces colonnes. Cliquez ici.
«La journée du 9 novembre 1940 restera comme la plus sinistre de toute l'histoire maritime française.
Ce jour là, deux avisos coloniaux français, absolument semblables, l'un, le Savorgnan de Brazza armé par les F.N.F.L. l'autre le Bougainville appartenant à la Marine restée fidèle au gouvernement de Vichy, deux bâtiments qui portaient le même pavillon, se canonnèrent devant Libreville au Gabon jusqu'à ce que le second fût détruit.»

La classe Bougainville est un type d'aviso colonial qui fut commandé à dix exemplaires pour la Marine nationale française dans les années 1930 sur plusieurs chantiers navals. Seul huit entrèrent en service à temps pour participer à la Seconde Guerre mondiale, les deux derniers étant encore en chantier lors de la bataille de France.
Le PG-76 Bougainvillede la tranche 1927, mis sur cale aux Forges et Chantiers de la Gironde à Bordeaux le 25 novembre 1929, lancé le 21 avril 1931, et admis au service actif le 15 février 1933. Coulé le 9 novembre 1940 par le Savorgnan-de-Brazza au large de Libreville.


Caractéristiques: Longueur 103,70m - Maître-bau 12,70m -Tirant d’eau 4,5m - Déplacement 1970t -Port en lourd 2 600 t à pleine charge -propulsion 2 moteurs diésel Sulzer ou Burmeister und Wain - Puissance 3200ch -Vitesse 15,5 à 17 nœuds 
Armement : 3 pièces simples sous masque de 138mm, modèle 1927 (à l'avant, deux de chasse, à l'arrière, une de fuite). Ce canon de 40 calibres tire des obus de 40 kg à une distance maximale de 20 000 m (site = +30°) à raison de 7 à 12 coups par minute. La dotation en munitions est de 200 coups par canon soit 600 obus au total.
4 canons de 37mm Schneider modèle 1933 en quatre affût simples. Ce canon de 50 calibres pointant de -15° à +80° tirent des obus de 0,725 kg à une cadence de 30 coups par minute à une distance de 5 000 m. 6 mitrailleuses de 13,2mm Hotchkiss modèle 1929 en trois affûts doubles. 
La mitrailleuse à refroidissement par air à un canon de 76 calibres tirant des cartouches de 122 grammes en bandes chargeurs de 30 coups à une cadence de 700 coups par minute à une portée de 6 500m (pratique :2 500m) et un plafond pratique de 1 500 m.
Un grenadeur de sillage et deux mortiers Thornycroft
Deux lignes de rails pour mouillage de mines (50 mines).

Officiellement désignés «avisos pour campagnes lointaines», ils furent construits par les chantiers privés financés par les tranche 1927, 1928, 1930, 1931, 1937 et 1938ter du programme naval. Leurs destins furent variés et tragiques pour la plupart d'entre eux, coulés par des navires alliés ou sabordés pour éviter de tomber aux mains de l'ennemi durant la Seconde Guerre mondiale. 
La bataille (voir ci-dessus) qui opposa les avisos Bougainville et Savorgnan-de-Brazza, le 9 novembre 1940 durant la campagne du Gabon, est l'un des rares cas de combat fratricide entre deux navires d'une même classe.

Plusieurs furent modernisés et servirent d'escorteurs de lutte anti-sous-marine. Les quatre bateaux survivants de ce conflit combattirent dans la guerre d'Indochine et l'un d'entre eux servi pendant la guerre de Corée.
Cette série fut la première des navires de surface à être propulsée par des moteurs diésel.
Prévus à l'origine pour opérer dans l'empire colonial français, ces navires à très grand rayon d'action pouvaient remonter les fleuves d'Afrique et d'Asie grâce à leur faible tirant d'eau et embarquer une compagnie d'infanterie de marine.
Leur capacité en carburant était de 60t de mazout et 220t de gazole.