mercredi 16 avril 2014

France, navire-hôpital des zones de pêche en Islande

France (1910), navire-hôpital se rendant en Islande pour secourir les marins pêcheurs.
La Société des Œuvres de Mer

En décembre 1894, le P. Picard, Supérieur Général des religieux Augustins de l’Assomption, réunissait rue Bayard à Paris une vingtaine de personnes (armateurs, syndicalistes maritimes, officiers de Marine dont le vice-amiral Lafont, journalistes de la Bonne Presse) pour réfléchir à ce qui pourrait être fait pour les 15000 marins qui quittaient chaque année la France durant sept à huit mois, à bord de voiliers, pour pêcher la morue au large de l’Islande ou sur les bancs de Terre Neuve.
L’hebdomadaire La Croix des Marins, fondé par la Bonne Presse, s’était en effet ému des conditions d’isolement total, d’insécurité (pertes de doris dans la brume, abordages, tempêtes), de travail excessif et d’hygiène déplorable dans lesquelles vivait cette communauté maritime. Sous la conduite des frères Bailly, dont le P. Vincent de Paul, AA, directeur de la Bonne Presse, fut constituée la Société des Œuvres de Mer (S.O.M) dont les statuts définissaient ainsi l’objet : « porter secours matériels, médicaux, moraux, religieux, aux marins de la grande pêche ».

Un bilan impressionnant


Pour ce faire, la S.O.M armera de 1896 à 1939 sept navires hôpitaux qui apporteront à cette population défavorisée les soins médicaux indispensables à un métier très dur aux plans physiques et climatiques, le réconfort moral du courrier de leurs familles dont ils étaient privés jusque là, et la présence d’un aumônier. Le bilan des 39 campagnes de ces navires est éloquent : 32000 journées d’hôpital, 13200 consultations médicales en mer, 426 marins naufragés recueillis et près de 1.200.000 lettres distribuées. Parallèlement, deux « Maisons de famille » étaient créées à St Pierre et Miquelon et en Islande pour les pêcheurs en escale, convalescence ou en attente d’embarquement. Tout en échappant à la tentation de l’alcool des cabaretiers, les marins y retrouvaient une ambiance amicale et familiale, pour jouer, lire, écrire à leurs familles ou prier.
Le P. Yves Hamon et le Fr. Eugène Bergé, animés de cette « passion de Dieu et de l’homme en plein vent », furent les artisans de cette réussite qui mit pratiquement fin aux trois fléaux de la grande pêche : l’alcoolisme, la maladie et l’isolement. Le commandant Charcot la qualifia «d’œuvre grandiose et humanitaire».