Le bateau Chablais
En décembre 1972, la commande d’un nouveau bateau est passée au chantier autrichien Schiffswerft AG de Linz. Il s’agit d’un bateau à deux ponts, d’une longueur HT de 46,10 mètres, d’une largeur de 8,4 mètres. Il est animé par deux moteur diesel, 2 x 6 cylindres, construits par GM SA, Bienne qui développent chacun 340 chevaux, faisant tourner deux hélices à trois pales, derrière lesquelles se trouvent deux gouvernails compensés suspendus, actionnés de tribord comme de bâbord par une commande hydro-électrique, Le courant électrique nécessaire aux installations de bord est fourni par deux groupes électrogènes. Les vibrations provoquées par l'installation propulsive et les groupes électrogènes sont éliminées par la suspension des installations mécaniques. Deux réservoirs à eaux usées, vidés à terre, évitent la pollution du lac. La salle des machines est complètement insonorisée par une isolation phonique. La coque est divisée en dix compartiments étanches permettant d’assurer la flottabilité même en cas d'envahissement de deux compartiments par l'eau. Le bateau est muni de deux quilles latérales antiroulis et la forme arrondie de la carène lui confère une meilleure tenue dans la vague. Il peut atteindre la vitesse de 27,5 km/h. et accueillir 500 passagers. Le bateau est muni du radar, de la téléphonie sans fil et d'une sonorisation stéréophonique générale ; son équipage est réduit à trois hommes. Un grand salon, particulièrement élégant, peut accueillir une centaine de convives. Deux grands posters sur aluminium reproduisent des gravures anciennes. L’un montre le château et le couvent de Ripaille, l'autre le pont de Saint-Maurice vers la fin du XVIIIe siècle. Le bateau offre 200 places assises à l'intérieur et 480 au total. Il est destiné aussi bien aux courses régulières qu'aux services à la demande. Le coût de construction a été devisé à deux millions et demi de francs.
Dans les premiers jours de janvier 1974, les éléments de la coque parviennent par train à la gare de Sébeillon d’où ils sont transférés au chantier à partir du 9 janvier. Une dizaine de jours sera nécessaire pour en transférer la totalité. Leur assemblage, entamé le 14 janvier, nécessitera trois mois de travail au chantier d’Ouchy. Le lancement se déroule le vendredi 26 avril 1974 en présence de nombreuses personnalités représentant la Confédération, les cantons de Vaud, Genève et Valais, du Département de la Haute-Savoie et des communes riveraines accueillies par MM. Jean Kratzer, président du conseil d'administration, et Jean Meier, directeur de la compagnie. Tous les ingrédients de la fête populaire sont réunis. En costume savoyard, un garçon et une fillette s'apprêtent à baptiser la nouvelle construction alors qu'un trio de trompettes thébaines apporte une sonorité inédite. Le corps de musique de la gendarmerie vaudoise occupe la poupe du « Chablais », interprétant quelques-unes de ses meilleurs morceaux. À l’issue de la cérémonie, le bateau se dirige vers l’embarcadère d’Ouchy où les invités montèrent à bord pour participer à un repas servi dans les salons du bateau qui appareille pour sa croisière inaugurale avec escales à Vevey, Villeneuve, Le Bouveret et Thonon. À chaque escale, enfants des écoles et fanfare locales accueillent le nouveau bateau.
Celui-ci ne fera l’objet d’aucune grande rénovation et ce n’est pas par un fait nautique ou historique que le Chablais restera dans les mémoires mais par sa couleur… A partir de 2001, le bateau arborera une livrée publicitaire aux couleurs des glaces Frisco et prend la dénomination de «Dessert Liner». Ce changement de livrée, diversement apprécié du public, permet à la compagnie de recevoir plusieurs centaines de milliers de francs à un moment où le déficit de la compagnie atteint 5 millions. Il conservera ces couleurs jusqu’à son retrait de la flotte en mai 2010.
En octobre 2005, il entre en collision avec un chaland au large du Bouveret. Son étrave est ouverte et sera réparée au chantier d’Ouchy. Le 27 mai 2010, il est mis hors service en raison d’importants problèmes de moteur qui ne font que s’aggraver depuis plusieurs semaines et qui provoqueront la décision de démolition. Ces travaux débutent rapidement et en juin 2010, c’est malheureusement la démolition partielle de la coque et des emménagements. Le 30 juin 2010 la coque est transférée au Bouveret pour y être désarmée. Elle est acquise par l'entreprise Rhona le 22 septembre 2010 pour être transformée en chaland.