lundi 7 janvier 2013

30 avril 1899 : La folle course du SS Stella

Le transmanche SS Stella à pleine vitesse par Robert John Wolfenden.
Au 19e siècle, l’enrichissement généralisé et les progrès technologiques amènent un important développement des voyages. Pour les Britanniques, les îles anglo-normandes deviennent une destination prisée. Dès 1824, un service régulier de vapeur à roues à aubes est mis en place pour la saison d’été depuis Southhampton. En 1840, ce port est relié à Londres par le train et la South Western Railway Cy voit dans un service de ferries une extension naturelle de cette ligne. La compagnie est vite imitée par d’autres, en particulier la Great Western Railway (GWR) depuis le port de Weymouth. Vers 1860, la rivalité entre la London and South Western Railway et la Great Western Railway a pour enjeu la vitesse sur la destination. En 1877, la London met en service quotidiennement des vapeurs rapides à hélice vers les îles. De son côté, Weymouth réplique en 1889 par des aménagements portuaires qui permettent à trois nouvelles unités à deux hélices de la GWR de fournir un service quotidien. Pendant quelque temps, cela permet à la compagnie de proclamer que son trajet est “Quickest and Best” et le flux de voyageurs croît rapidement. La L and SWR ne reste pas sans réagir et met en chantier trois ferries modernes, Frederica, Lydia et Stella. Dans le même temps, elle entame une campagne de publicité mettant en avant la rapidité de la traversée avec ses trois nouvelles unités. Une course s’engage alors entre les vapeurs des deux compagnies à qui arrivera le premier à Guernesey où le port de Saint-Helier ne peut faire entrer qu’un bateau à la fois. La compétition, encouragée par les passagers, met souvent les navires en parrallèle à l'arrivée. L’enjeu est particulièrement important par basses eaux quand le perdant est obligé de débarquer passagers et bagages par dinghies.
Bien que non officielle, cette course attire l’attention des passagers et des journalistes. Une bonne publicité pour les îles anglo-normandes. 


Le SS Stella entre en service en novembre 1890. Ses deux puissantes machines à vapeur entraînent deux hélices et permettent une vitesse de 19 nœuds. Il pouvait transporter 750 passagers et possédait des cabines pour 240. Rien n’avait été négligé pour leur confort et ils étaient éclairés à l’électricité. C’était un superbe navire ayant fait appel au meilleur de la technologie. 
La poste de Guernesey a publié en 1999, un timbre commémoratif du centenaire de la perte du SS Stella. Coll agence Adhémar 
Le voyage fatidique du SS Stella eut lieu le jeudi saint du 30 avril 1899 sur son premier service de la saison entre Southampton et les îles anglo-normandes. Bien qu’il ait rencontré un brouillard intense, le vapeur continua son chemin à pleine vitesse. A l’approche des Casquets*, le phare n’était pas visible. A quatre heures du matin, en même temps que résonne très proche une forte corne de brume, la vigie de proue hurle l’ordre de stopper, un immense rocher surgit de la brume à 70 mètres. Trop tard, le Stella se détourne pour voir surgir un autre rocher devant lui, et se précipite sur les rochers affleurants à pleine vitesse (probablement 18 nœuds). Les machines sont arrachées de leurs support et l’eau entre à grands flots sur la moitié du bateau. Sur sa lancée, le Stella rejoint les eaux libres et met huit minutes à couler. Sur les 217 passagers et membres équipage, 112 seulement sont sauvés.
On ne saura jamais pourquoi le Stella, qui aurait dû être à 1,5 mile des Casquets à ce moment, s’est trouvé précipité sur les rochers. 

*Les principaux récifs des Casquets s’étendent sur près de treize kilomètres à l’ouest d’Alderney et sur une largeur est-ouest de 700 mètres en moyenne avec de plus larges bancs au nord-est et au sud. En plus des nombreux rochers toujours visibles et atteignant parfois 24 mètres, n’affleurent qu’à basses eaux de nombreux pièges semés par la nature et parcourus de courants très forts. Plus de 300 bateaux ont été accidentés dans les Casquets. 

30 avril 1899 : La folle course du SS Stella

Le transmanche SS Stella à pleine vitesse par Robert John Wolfenden.
Au 19e siècle, l’enrichissement généralisé et les progrès technologiques amènent un important développement des voyages. Pour les Britanniques, les îles anglo-normandes deviennent une destination prisée. Dès 1824, un service régulier de vapeur à roues à aubes est mis en place pour la saison d’été depuis Southhampton. En 1840, ce port est relié à Londres par le train et la South Western Railway Cy voit dans un service de ferries une extension naturelle de cette ligne. La compagnie est vite imitée par d’autres, en particulier la Great Western Railway (GWR) depuis le port de Weymouth. Vers 1860, la rivalité entre la London and South Western Railway et la Great Western Railway a pour enjeu la vitesse sur la destination. En 1877, la London met en service quotidiennement des vapeurs rapides à hélice vers les îles. De son côté, Weymouth réplique en 1889 par des aménagements portuaires qui permettent à trois nouvelles unités à deux hélices de la GWR de fournir un service quotidien. Pendant quelque temps, cela permet à la compagnie de proclamer que son trajet est “Quickest and Best” et le flux de voyageurs croît rapidement. La L and SWR ne reste pas sans réagir et met en chantier trois ferries modernes, Frederica, Lydia et Stella. Dans le même temps, elle entame une campagne de publicité mettant en avant la rapidité de la traversée avec ses trois nouvelles unités. Une course s’engage alors entre les vapeurs des deux compagnies à qui arrivera le premier à Guernesey où le port de Saint-Helier ne peut faire entrer qu’un bateau à la fois. La compétition, encouragée par les passagers, met souvent les navires en parrallèle à l'arrivée. L’enjeu est particulièrement important par basses eaux quand le perdant est obligé de débarquer passagers et bagages par dinghies.
Bien que non officielle, cette course attire l’attention des passagers et des journalistes. Une bonne publicité pour les îles anglo-normandes. 


Le SS Stella entre en service en novembre 1890. Ses deux puissantes machines à vapeur entraînent deux hélices et permettent une vitesse de 19 nœuds. Il pouvait transporter 750 passagers et possédait des cabines pour 240. Rien n’avait été négligé pour leur confort et ils étaient éclairés à l’électricité. C’était un superbe navire ayant fait appel au meilleur de la technologie. 
La poste de Guernesey a publié en 1999, un timbre commémoratif du centenaire de la perte du SS Stella. Coll agence Adhémar 
Le voyage fatidique du SS Stella eut lieu le jeudi saint du 30 avril 1899 sur son premier service de la saison entre Southampton et les îles anglo-normandes. Bien qu’il ait rencontré un brouillard intense, le vapeur continua son chemin à pleine vitesse. A l’approche des Casquets*, le phare n’était pas visible. A quatre heures du matin, en même temps que résonne très proche une forte corne de brume, la vigie de proue hurle l’ordre de stopper, un immense rocher surgit de la brume à 70 mètres. Trop tard, le Stella se détourne pour voir surgir un autre rocher devant lui, et se précipite sur les rochers affleurants à pleine vitesse (probablement 18 nœuds). Les machines sont arrachées de leurs support et l’eau entre à grands flots sur la moitié du bateau. Sur sa lancée, le Stella rejoint les eaux libres et met huit minutes à couler. Sur les 217 passagers et membres équipage, 112 seulement sont sauvés.
On ne saura jamais pourquoi le Stella, qui aurait dû être à 1,5 mile des Casquets à ce moment, s’est trouvé précipité sur les rochers. 

*Les principaux récifs des Casquets s’étendent sur près de treize kilomètres à l’ouest d’Alderney et sur une largeur est-ouest de 700 mètres en moyenne avec de plus larges bancs au nord-est et au sud. En plus des nombreux rochers toujours visibles et atteignant parfois 24 mètres, n’affleurent qu’à basses eaux de nombreux pièges semés par la nature et parcourus de courants très forts. Plus de 300 bateaux ont été accidentés dans les Casquets.