La forme Joubert de Saint-Nazaire vue du ciel en 1942. |
Depuis 1939, la Bataille de l'Atlantique mobilise de nombreuses unités navales . En 1941, le cuirassé Bismarck avait semé la terreur dans l'Atlantique Nord, coulant le HMS Hood mais les Alliés étaient parvenus à le couler avant qu'il ne rejoigne le port de Brest, au prix d'une mobilisation de toutes leurs forces.
Sister-ship du Bismarck, Tirpitz est stationné en Norvège. Les alliés craignent qu'il ne soit envoyé dans l'Atlantique, pour réduire les lignes d'approvisionnement britanniques.
Le port de Saint-Nazaire revêt une importance toute particulière car la forme Joubert est le seul bassin de la façade Atlantique dans lequel le Tirpitz peut être réparé.
Winston Churchill pense que sans cet atout, la Kriegsmarine ne se risquera pas à envoyer le Tirpitz en Atlantique.
Début 1942, le Premier ministre demande à Lord Mounbatten et ses commandos des Opérations combinées d'attaquer Saint-Nazaire avec l'objectif de neutraliser la forme Joubert.
Le plan de l'opération Chariot est simple mais un peu désespéré si l'on prend en compte que Saint-Nazaire est l'un des ports les plus protégés et fortifiés de l'Atlantique. Il suffira qu'une flottille de vedettes à faible tirant d'eau franchisse de nuit et à vive allure l’estuaire de la Loire sous le couvert d'un raid aérien de la Royal Air Force… qu'un bateau chargé d'explosif soit amené jusqu'à l'écluse-caisson de la forme Joubert et que des équipes de commandos débarquées de ce navire et des vedettes attaquent et détruisent 24 objectifs différents…
C'est l'ancien USS Buchanan de l'US Navy, devenu HMS Campbeltown, qui sera choisi par la Royal Navy pour servir de bélier. On le maquille pour qu'il ressemble à un destroyer allemand de la classe Möwe et on lui enlève tous ses équipements superflus pour diminuer son tirant d'eau. Son armement est limité à un canon de 76 mm et à 8 canons Oerlikon de 20 mm. Une charge explosive, composée de 24 grenades sous-marines de type mark VII placées dans des réservoirs d'acier et de béton, est installée à l'arrière du canon pour saborder le navire après qu'il aura défoncer le caisson. Le Campbeltown, commandé par le lieutenant-commander S. H. Beattie, avait un équipage réduit à 75 hommes.
Le 26 mars 1942, la flotte, composée d'un destroyer, 16 vedettes, une canonnière et une vedette lance-torpilles, quitte Falmouth. Elle est escortée par les destroyers HMS Tynedale et HMS Atherstone jusqu'au large de Saint-Nazaire.
27 mars 1942 - 22h15 : les deux destroyers d'escorte s'éloignent, la flottille entre dans le chenal de la Loire. 23h00 : amorçage des explosifs. 23h20 : petit bombardement par la Royal Air Force qui manque de visibilité.
28 mars 1942 - 01h15 : des postes côtiers signalent la flotte en approche.
01h20 : la flotte passe devant Villès-Martin, à trois miles de l'objectif. Des documents de la Kriegsmarine permettent de se faire identifier comme bateaux allemands. 01h27 : la supercherie est découverte, le Campbeltown affale le pavillon allemand et hisse les couleurs britanniques. Les batteries allemandes ouvrent le feu.
HMS Campbeltown encastré dans la porte de la forme Joubert. |
29 mars 1942 - Les deux torpilles britanniques lâchées la veille pendant l'opération, explosent avec un retard non prévu, semant la confusion dans les troupes allemandes qui ouvrent le feu entre elles et sur des civils français (16 sont tués et une trentaine blessés).
L'opération aura coûté169 tués et 200 prisonniers aux Britanniques. Il y aura au moins 400 tués côté allemand.
La forme Joubert est inutilisable et le restera jusqu'à la fin de la guerre.
A suivre…