Il v a quelques semaines, une princesse royale italienne, née princesse de France, la duchesse Hélène d'Aoste, quittait Naples, simplement, discrètement, presque secrètement, tant était nette sa volonté de se soustraire à toute manifestation de la sympathie populaire, pour aller soigner. avec son dévouement bien connu de tous 1es humbles du royaume, les blessés de Tripoli. Ce départ, à peine signalé par les correspondances de presse, passa presque inaperçu. La princesse qui ne prétendait point s'offrir en exemple, avait exprimé le désir qu'il en fût ainsi.
Les blessés de la guerre sont nombreux en Tripolitaine et en Cyrénaîque. Mais les malades sont innombrables. Les surprises du climat qui est le meilleur allié des troupes turco-arabes, le surmenage des factions de jour et de nuit dans les tranchées boueuses, la fièvre des alertes incessantes, les mortelles fatigues de toutes natures qui sont imposées à de tout jeunes soldats hâtivement expédiés de leurs tranquilles garnisons de Ia Péninsule en ces rudes cantonnements du désert, laissent peu de loisirs aux services sanitaires, d'ailleurs parfaitement organisés (voir L'Illustration des 11 novembre et 9 décembre 1911), de l'armée du général Caneva.
Avec les autres dames de la Crois-Rouge, la duchesse Hélène d'Aoste, dès son arrivée, a tenu à se soumettre docilement aux instructions et à la discipline imposées par les médecins militaires directeurs. A bord du navire-hôpital Memfi, où on a réuni le plus grand nombre de malades, elle est la plus attentive à suivre les leçons théoriques qui complètent I'instruction médicale de toutes ces dévouées, de même qu'elle se montre la plus patiente et la plus douce au chevet des malades où la duchesse Hé1ène d'Aoste, princesse royale d'Italie, qui a changé son diadème pour une croix et son nom pour un matricule, n'est plus qu'une modeste sœur de charité laïque : l'infirmière n°3.
Plaquette de la Croix-Rouge italienne présentant le travail du navire-hôpital Memfi dans la guerre de Lybie (1911-1912) |