samedi 30 mars 2024

Mars 2024 : l'accident du bateau Simplon

 


Le Simplon est l’un des huit bateaux qui constituent la flotte « Belle époque » de la Compagnie Générale de Navigation, basée à Ouchy, sur le lac Léman. Flotte « Belle époque »? Comprenez les huit navires construits entre 1900 et 1920 et préservés par la compagnie avec le concours de mécènes privés et de subventions publiques. Remontons le temps pour connaître les origines de ce beau « bateau salon ».

C’est au cours de l’assemblée générale du 30 septembre 1913 qu’est décidée sa construction par le chantier Sulzer. Sa mise en service est prévue pour 1915 mais les aléas de l’histoire et la guerre qui va ravager l’Europe font qu’il n’entrera en service qu’en 1920. Le site de l'ABVL (Amis des Bateaux à Vapeur du Léman), qui participe activement au financement de la préservation de cette flotte historique nous renseigne sur la suite de l’histoire du bateau. Jusqu’au jeudi 28 mars 2024…


Ce jour-là, le Simplon navigue pour un séance d’essais après une période de maintenance et avant la reprise du service pour l’horaire d’été. Mais une avarie survient et, en raison de mauvaises conditions météorologiques empêchant son retour au chantier d’Ouchy, il est décidé de remorquer le bateau vers l’embarcadère de Cully afin de le mettre à l’abri. La vaudaire, ce vent qui souffle du sud-ouest sur le lac, va forcir comme rarement et mettre le bateau amarré en péril en le poussant sur les rochers et contre l’embarcadère qui ne peut résister. Dans la journée du vendredi 29, les choses deviennent graves. Malgré les efforts des pompiers et du personnel de la compagnie, la situation de Simplon est critique : le débarcadère est partiellement détruit, les amarres cèdent, la porte d’embarquement tribord est arrachée, la coque est trouée à l’arrière tribord, le gouvernail est détruit. 






Le samedi 30 au matin, il fait gris sur le lac. Dans le coeur de beaucoup de Vaudois aussi. Mais le vent a faibli et le remorquage de Simplon vers Ouchy peut commencer. Il est écarté du rivage puis accouplé au Léman, un bateau moderne de la compagnie qui va l’emporter vers le chantier de la compagnie à Ouchy. Il y parvient en fin de matinée. Un bilan précis des dégâts y sera dressé avant toute décision.






Tous clichés Copyright Gilles Barnichon


mardi 19 mars 2024

Doba, cargo mixte des Chargeurs Réunis

 

Cliché DR

Le Dresden est le cinquième navire d’une série de  neuf cargos mixtes construits en Allemagne. Sept d’entre eux sont destinés au Nord Deutscher Lloyd et porteront des noms de villes allemandes. Il est lancé le 26 mai 1937 par le chantier Vulkan de Brême. Il effectue son voyage inaugural le 12 juillet 1937 vers le Chili. 

La période allemande

Il est au Chili lorsque la guerre éclate puis gagne le Brésil. Il sera utilisé en Atlantique: En particulier, il prendra en charge les prisonniers détenus à bord du croiseur auxiliaire Atlantis avant de gagner la France occupée. Il prendra part à d’autres opérations qui le mèneront jusqu’au Japon. Il revient enfin en Gironde le 3 novembre 1942 où il stationnera durant de nombreux mois. Il y est coulé avec d’autres navires (comme le paquebot De Grasse) par les forces allemandes lors de leur évacuation de la région en août 1944.

Sous pavillon français

Parmi les nombreux navires coulés en Gironde, plusieurs seront renfloués afin de fournir quelques unités à la flotte marchande française lourdement éprouvée par le conflit mondial qui vient de s’achever. Dresden fait partie du nombre. Renfloué en mars 1946 puis remis en état il est attribué à la compagnie des Chargeurs Réunis en juin 1949. Il fût utilisé sous le nom de Doba pour le transport de troupes et de matériel vers l’Indochine dès l’automne 1949.

Le 5 juillet 1950, il quitte Saïgon pour la France. Des escales sont prévues à Singapour, Colombo, Djibouti, Suez, Port-Saïd, Oran. Se trouvent à bord 489 légionnaires. Les conditions atmosphériques rendent particulièrement difficile la navigation entre Ceylan et Djibouti, et le navire fait naufrage dans la nuit du 20 au 21 juillet au large de la Somalie italienne, sur les récifs du Ras Hafun à la corne de l’Afrique. Les mémoires du Lieutenant-colonel Jean-Jacques Bouchend’homme (publiées sur le site https://www.legionetrangere.fr/la-fsale/actualites-de-la-fsale/1026-le-naufrage-du-doba.html) fournissent un récit détaillé du naufrage. 

« Apprenant que nous allions embarquer sur un ancien cargo allemand rebaptisé Doba, j’ai pensé qu’il devait être dans un piteux état. J’ai été surpris en arrivant à bord, par les aménagements luxueux pour un transport de troupes. Les légionnaires étaient convenablement installés, les sous-officiers aussi et les officiers en cabines de deux, avec cabinet de toilettes… Le 5 juillet 1950, le Doba a appareillé… Jusqu’à l’ile de Ceylan, le voyage a été une véritable croisière sur une mer calme… Ensuite courte escale à Colombo… Le Doba a appareillé dans la nuit. Le temps maussade a rendu la mer difficile… Le Doba a suivi la frange de la zone perturbée jusqu’à l’équateur pour remonter ensuite le long des côtes de l’Afrique… La position du bateau n’était pas vraiment déterminée… En réalité, le Doba était trop près de la côte. Vers une heure du matin, une violence secousse nous réveille. Le bateau s’est alors brusquement penché sur le tribord. « Nous sommes échoués ! ». Le Doba était stoppé parallèlement à la côte visible à bâbord. Tout le monde se regroupait dans les coursives de bâbord. Nous avions compris qu’il fallait évacuer le navire… Un radeau pouvant porter 6 hommes fut mis à la mer en tirant un filin accroché au Doba pour assurer le va-et-vient.… Dans la matinée, deux avions italiens ont survolé le Doba… Un message précisait qu’une colonne de secours allait se diriger vers les naufragés…»


Les légionnaires purent faire jonction avec la colonne de secours italienne puis gagner Djibouti et rentrer en France sur le transport Abbeville.